EDITION 2018

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PRESENTATION DES INVITES 2018:

 

JEROME FERRARI, Prix Goncourt 2012

« Jérôme Ferrari pourrait bien être le père fondateur d’un nouveau genre littéraire mélangeant le céleste, la philosophie et le cul. Amen, je le confesse : le récit est divin. »
L’OBS

Y a-t-il une vie après le Goncourt? Beaucoup ont découvert à quel point il est dur de survivre à la plus haute distinction littéraire du pays. Jérôme Ferrari, lui, ne s’est même jamais posé la question.

9782330109448La littérature, c’est la seule chose qui préoccupe l’écrivain originaire de Fozzano. Et cela, depuis ses premières nouvelles, en 2001. En près de vingt ans, il a créé une oeuvre d’une force presque vitale, qui traverse les époques, les langues et les lieux. Mue par un besoin. Celui de dire les choses. Des choses que trop souvent l’on tait.

Au centre de l’oeuvre de Ferrari, c’est l’Homme dans toute sa complexité et sa diversité. Bien au-delà des rivages d’une île. L’Homme, dont il raconte les grandeurs, trop souvent enfouies, et les faiblesses, innombrables.

 

C’est le cas, une nouvelle fois, avec A Son Image, qui sera publié en août prochain. Son premier roman depuis Le Principe, en 2015. Un roman qui narre le parcours d’une photographe entre la Corse et les Balkans. Et qui interroge sur le rapport de notre époque à la violence, à la mort, mais également, tout simplement, au réel…

Sébastien Bonifay

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Bibliographie sélective:
Balco Atlantico, Actes Sud, 2008
Un dieu un animal, Actes Sud, 2009
Où j’ai laissé mon âme, 2010, Actes Sud, 2010
Le Sermon sur la chute de Rome, Actes Sud, prix Goncourt 2012
Le Principe, Actes Sud, 2015

 

PHILIPPE JAENADA, Prix Femina 2017

« Les livres de jaenada rendent la critique littéraire totalement inutile. On peut juste dire au lecteur: ouvrez-en un et lisez la première ligne. On est à peu près certain qu’il ne le lâchera plus. »
L’Express

Peu importent l’époque, le sujet ou l’humeur de leur auteur, les livres de Jaenada sont toujours à forte teneur autobiographique. Mais on est loin de l’autofiction ou du nombrilisme. Son œuvre est incroyablement spirituelle. Légère et débordante d’autodérision.

9782260029397Même lorsqu’il s’attaque à des sujets aussi sérieux, voire tragiques, que l’affaire Pauline Dubuisson dans les années 50, qui avait déjà inspiré le film La Vérité, de Clouzot, ou le parcours du légendaire braqueur Sulak dans la France des années 1970.

Dans La Serpe, son dernier ouvrage, il s’intéresse à l’histoire de Georges Arnaud, l’auteur du roman Salaire de La Peur. Un écrivain à succès qui, toute sa vie, sera soupçonné d’avoir assassiné sa famille à coups de serpe, en 1941, dans un château du Périgord…Fasciné par cette histoire, Jaenada part sur ses traces, et mène l’enquête, à sa manière. Unique et irrésistible.

Sébastien Bonifay

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Bibliographie sélective:
Le cosmonaute, Grasset, 2004
La femme et l’Ours, Grasset, 2011
Sulak, Julliard, 2013, -Prix d’une Vie Le Parisien
La petite femelle, Julliard, 2016
La serpe, Julliard, 2017, Prix Femina

 

JEREMY FEL

« La violence, dans sa beauté comme dans son horreur, est toute l’affaire de Jérémy Fel. Avec Helena, fascination et nuits blanches garanties. » Livre Hebdo

« Tout fait sens, et tous les sens sont convoqués, non sans une saisissante poésie, jusqu’à l’épuisement nerveux du lecteur. Et voilà le génie de Jérémy Fel. S’il s’ancre dans les codes du suspense, c’est pour en faire son miel. » NRF

En 2015, Jérémy Fel faisait son entrée dans le monde des Lettres avec un roman au titre programmatique, Les Loups à leur porte. Dans ce récit terrifiant, le jeune auteur se plaisait à jouer avec son lecteur, chaque chapitre le transportant dans des univers de prime abord très différents.

Un puzzle romanesque qui jonglait avec les genres littéraires – thriller, roman noir, conte – et dans lequel Jérémy Fel faisait appel à nos angoisses les plus enfouies, les plus intimes, à nos terreurs d’enfants. Sans esbroufe, et avec une maestria rare pour un premier roman. Les Loups à leur porte est un récit sur le Mal : ces loups, allégories de la monstruosité, sont là, rôdant dans l’ombre, jusqu’à parfois s’immiscer en nous.

Avec son deuxième roman, Helena, vaste fresque familiale qui fait écho au précédent, Jérémy Fel continue de sonder la psyché pour mieux explorer les mécanismes de la violence. Dans ce thriller psychologique, Fel confirme ses talents de conteur et nous rappelle que nous ne sommes jamais à l’abri de « rencontrer un diable à la croisée des chemins ».

Bénédicte Giusti-Savelli

FEL Jérémy_mai2018-mai 2020 ©Alexandre Isard

Bibliographie :
Les loups à leur porte, Rivages, 2015
Helena, Rivages, 2018

 

HERVE LE CORRE, Grand prix de littérature policière 2009

« Le mot juste, la phrase bouleversante de simplicité, lourde d’émotions. On pense à certains auteurs américains, peintres des terres oubliées, des paumés et des vaincus, à leur poésie sèche. Et ce n’est pas un mince compliment. »
Télérama

Le girondin Hervé Le Corre est l’un des auteurs majeurs du polar français. C’est à l’aube des années 1990 qu’il fait son apparition dans le milieu des Lettres avec sa trilogie bordelaise. On y découvre ce qui constituera le cœur de son oeuvre : une atmosphère sombre, des personnages souvent déclassés, et puis la déconstruction d’une ville, Bordeaux, à mille lieux de son image soignée.

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C’est avec le Paris de la fin du XIXe siècle qu’il accède à la reconnaissance. L’homme aux lèvres de saphir signe son entrée aux éditions Rivages/Noir. Dès lors, l’auteur enchaînera les réussites. Après la guerre en 2014 fait presque figure de métaphore de son œuvre. Situé à Bordeaux pendant la guerre d’Algérie, le roman interroge les fantômes et les tabous enfouis, notamment ceux de la collaboration. Le livre confirme son statut d’écrivain phare.

Son dernier ouvrage, Prendre des loups pour des chiens, est un puissant polar social pétri de silences et de fatalité, baignant dans une moiteur douloureuse.

Ange-Toussaint Pietrera

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Bibliographie sélective
La douleur des morts, Série noire, 1990
L’homme aux lèvres de saphir, Rivages/Noir, 2004
Les coeurs déchiquetés, Rivages/Noir, 2009
Prendre les chiens pour des loups, Rivages/Noir, 2017

 

 

ROBERT MCLIAM WILSON

« Ripley Bogle est probablement l’un des meilleurs romans irlandais de la dernière décennie. Il frappe direct à la jugulaire. » 
Times

Robert McLiam Wilson est insaisissable. A la sortie de brillantes études à Cambridge, à la fin des années 80, il publie son premier roman, Ripley Bogle. L’accueil de la presse, le succès public et une spectaculaire moisson de prix littéraires en font l’un des auteurs les plus prometteurs du Royaume-Uni. Suivront très rapidement l’inconfortable La Douleur de Manfred, et Les dépossédés, un essai sur les laissés-pour-compte de l’Angleterre Thatcherienne.

En 1996, McLiam Wilson publie Eureka Street, considéré comme l’un des plus beaux livres jamais écrits sur le Belfast en guerre où McLiam Wilson a grandi. Une déflagration qui changera à jamais le regard de milliers de gens sur le conflit nord-irlandais.

Eureka Street l’impose définitivement comme un Dickens punk, d’une déchirante lucidité.

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Au début des années, 2000, la rumeur court que McLiam Wilson travaille sur un nouveau roman, appelé The Extremists. Au gré de quelques rares apparitions, l’irlandais en lit quelques extraits, dont sont restées en mémoire quelques alléchantes fulgurances. La première phrase, « A l’âge de 21 ans, j’avais déjà assassiné onze personnes », ou encore la ravageuse « Je souffre de la mélancolique euphorie d’une excellence sans témoin », qui a les troublants accents d’un vers de The Smiths

Et puis plus rien.

The Extremists ne sera jamais publié, et McLiam Wilson met sa plume au service de The Big Issue, le célèbre journal des sans-abris londoniens, ou de Charlie Hebdo en France. Il y signe des tribunes remarquables, témoignant toujours de sa fibre profondément humaniste et sociale. Il collabore également aux Inrockuptibles et au quotidien Libération, dans les colonnes duquel il a signé un bouleversant et électrisant texte à la suite du massacre de Charlie Hebdo, Ma rage est ingouvernable.

Aujourd’hui, les romans de McLiam Wilson font l’objet d’un culte. Encore alimenté par la rareté de ses apparitions. Il a accepté de sortir de sa retraite, que l’on dit consacrée à l’écriture d’un nouveau roman, 22 ans après son dernier livre, pour venir nous rendre visite en Corse.

Sébastien Bonifay

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Bibliographie
Ripley Bogle, Christian Bourgois, 1996
Eureka Street, Christian Bourgois, 1997
La Douleur de Manfred, Christian Bourgois, 2003
Les Dépossédés, Christian Bourgois, 2005

 

KAOUTHER ADIMI, Prix Renaudot des Lycéens 2017

« Nos richesses sonne comme une splendide déclaration d’amour à la littérature, seul trait d’union entre les époques et les êtres »
Elle

« Kaouther Adimi, la surdouée des Lettres », titrait le Figaro à la sortie de Nos Richesses, à l’automne dernier. Difficile de lui donner tort. En trois romans, l’auteur, née à Alger il y a 32 ans, a accumulé une dizaine de prix, Prix du Style, Prix littéraire de la Vocation, Prix Renaudot des Lycéens, choix Goncourt de l’Italie…

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Edmond Charlot

Nos Richesses narre l’histoire vraie d’Edmond Charlot, jeune algérien de 20 ans qui ouvre en 1936 une librairie à Alger, Les vraies richesses, une référence à Giono. Animé par une passion dévorante pour « tout ce qui est imprimé », aventurier de la culture, il va côtoyer les plus grands, de Camus à Moravia en passant par Cossery ou Kessel…
En parallèle, Adimi nous propose de suivre le parcours d’un autre étudiant, Ryad, venu de Paris pour vider la librairie, désormais à l’abandon, et destinée à devenir une boutique à beignets… Kaouther Adimi, surdouée des Lettres, peut-être. Ardente avocate des Lettres dans leur acception la plus noble, sans aucun doute.

Sébastien Bonifay

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Bibliographie
L’envers des autres, Actes Sud, 2011
Des pierres dans ma poche, Le Seuil, 2016
Nos richesses, Le Seuil, prix Renaudot des lycéens 2017

 

ERIC VUILLARD, Prix Goncourt 2017

« Le récit, bref, percutant, narre surtout avec une impertinence virtuose qui va chercher du côté du cocasse, de l’absurde, pour rendre, enfin, toutes les diableries qui se cachent sous les képis.»
Le Point

En 2017, le jury du Goncourt, pour la première fois depuis longtemps, n’a pas couronné une fiction. Mais un récit, magistral. L’Ordre du jour nous transporte dans l’Allemagne des années 30, aux côtés des hommes qui vont faire basculer le monde dans le chaos.
L’oeuvre d’Eric Vuillard n’a qu’un but, dévoiler « l’aspect poisseux des combinaisons et des impostures qui font l’Histoire ».

C’est ce sillon qu’il creuse, inlassablement, de Conquistadors (sur la chute de l’Empire Inca) à 14 juillet, (la Révolution française), en passant par Congo (sur la conquête coloniale) ou le somptueux Tristesse de la Terre (sur l’Ouest de Buffalo Bill).

A la rigueur et la précision que réclament un tel travail, Vuillard mêle une langue d’une grande pureté, émaillée de fulgurances de style. Le Goncourt, une fois n’est pas coutume, n’a pas récompensé un roman. C’est vrai. Mais il a récompensé un grand écrivain.

Sébastien Bonifay

 

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Bibliographie sélective :

Bois vert, poésies, Editions Leo Scheer, 2002

La bataille d’occident, Actes Sud, 2012

Tristesse de la terre, Actes Sud, 2014, Prix Joseph kessel

L’Ordre du jour, Actes Sud, 2017, Prix Goncourt